Nouveau Cap !

Décembre 2014 - février 2015

Partie 1

 

 

Itinérance à 3 sur l'archipel du Cap Vert

 

 

Faut-il des raisons ?

 

 Franchement, c'est tout sauf le bon moment pour nous de partir.

  Nous sommes en pleine installation sur les terres récemment acquises à Mané Bihan, nous avons donc un milliard de choses à faire sur place, n'avons pas d'argent et en ce mois de novembre, Abel est à l'école...

  "- Est-ce raisonnable ? "  me diriez-vous .

  Non, bien sûr ! mais où est-ce écrit qu'il faut être posé pour vivre l'aventure ?! Dans ce cas, attendons sagement la retraite.

 Et plus simplement, faut-il une raison pour nous retrouver ensemble ?

  Montage difficile de nos yourtes, arrêt compliqué de l'atelier, déprime qui encrasse, adaptation dans un nouveau secteur, chômage questionnant, pression qu'on se met inutilement, vie dans les cartons...

  Ainsi, le calcul est fait : vendons une voiture et juste... partons !

  L'opportunité, nous la saisissons ; l'audace, c'est surtout d'aller briser notre quotidien éprouvant ! Faire son sac de voyageur à pied est une lueur d'espoir au cœur de cet automne grisou (mais néanmoins chatoyant faut le reconnaitre! )

 

 

 

 Un berimbau de marche

  Nous en rêvions depuis quelques temps déjà du Cabo Verde.

  Peut-être sommes nous tombés sous la fascination que cet archipel relativement peu connu exerce sur nous, peut-être aussi par la voix de Mayra Andrade. L'Autre diva que celle aux pieds nus qu'on a récemment vu à Auray. Super avant-goût !

  Sao Vicente, Santo Antao, Fogo, Brava ... Des îles à parcourir, choix difficile parmi la dizaine. Toujours ce goût pour ces couleurs afro-portuguaises que nous retrouvons comme nos précédents voyages. Des sonorités devenues familières grâce aux chants de Capoeira ! 

  Sûrement que cela ressemble à des petits bouts de paradis, mais bizarrement cela n'a jamais été une bonne raison de prendre la route : en Afrique Australe, au Brésil, le cheminement se faisait souvent dans des paysages sans intérêt ! Mais la marche, la Rencontre, le présent vécu intensément ensemble, notre tribu réunie. Cela nous importe !

 ...et si les vallons sont beaux à contempler en plus, ça nous va.
 

Rencontre avec la terre Chapt. IV

  Il est agréable de trouver un lien avec les précédentes expériences. Cultiver le voyager "by fair means" comme se plaît à l'écrire Sylvain Tesson. Mais pas de traversées héroïques, pas d'exploits, non !  Evoquons plutôt une échappée vagabonde. Marcher pour arrêter de courir après le temps, perso, j'n'ai rien trouvé de mieux !

  Et puis s'arrêter quand ca nous plait quelques jours dans une cabane de pêcheurs. Nous 2 avec Abel, loin du monde, celui qui nous dévore.

  C'est dans cet esprit que nous larguons les amarres...
Enfin, vai que vai !

  A la croisée des chemins, nous prenons un nouveau cap !

 Ilha de Santiago
Tem corpinho de algodón
Saia de chita cu cordón
Um par de brinco roda pión

 

Na ilha de Santiago
Tem nho Mano Mendi, tem Kaká, Nha Nácia Gómi
cu Zezé Nhu Raúl lá di fundo Ruber da Barca

 

Na Ilha de Santiago
Tem Caetaninho, tem Codé, Nhu Arique
cu Ano Nobo Nha Bibinha lá di fundo Curral de Baxo

 

Na Ilha de Santiago
Tem Séma Lópi, tem Catchás, Djirga, Bilocas, Ney,
Ntóni Dente d’Oro lá di fundo San Dimingo

 

L’île de Santiago

 

L’île de Santiago
A un corsage de coton
Un jupon de calicot avec une ficelle à la taille
Et des boucles d’oreille en or
Rondes comme des toupies

 

À Santiago,
Il y a Mano Mendes*, Kaká, Nácia Gómi,
Zezé et Raúl, venu du fond de sa vallée de Ribeira da Barca

 

À Santiago,
Il y a aussi Caetaninho, Codé, Arique,
Ano Nobo et Bibinha, dans son village de Corral de Baixo

 

À Santiago,
On trouve aussi Séma Lópi, Catchás, Djirga, Bilocas, Ney et Ntóni Dente d’Oro, sorti tout droit de São Domingos

 

*Les noms qui suivent sont tous ceux de célèbres musiciens, chanteurs ou compositeurs originaires de l’île capverdienne de Santiago.

 

Episode 1 - La voix de Sao Vicente

 10 decembre 2014, Auberge de Valentina

 

 
Accueil de Cesaria a l aeroport

 

 Nous entamons notre marche direct sortis de l aeroporto Cesaria Evora de Mindel.
São Vicente est notre 1ere ile du Cap Vert. Les gars  de la compagnie ont failli egarer nos batons de marche... Arrivee parmi les montagnes decoupees au ciseau, de la dentelle brute !

 

Le sol pierreux et sec. Il fait bom, 26 C, les epaules atrofiees morflent. Ce sont les 1eres gouttes de sueur, Enjoy !

 

Mindel’ est la capitale culturelle  du Cap Vert. Une nonchalence bresilienne regne  ici, la meme atmosphere sauf qu’ici ils supportent le Benfica... Une  chambre chez 

 

Valentina avec ventilo a 3 vitesses, uma cerveja fria chez Chrisina p tit resto 1300 escudos avec les calamars , c est pas peu cher. Elle nous offre le grogue (rhum local).

 Une connexion improbable avec un couple voyageant avec leur p’tite fille Frida, bretonnants, vivant en yourte vers Tremargat. Mundo e pequeninho. Nous les croisons partout, nous pourrions etre agaces mais la situation est tellement cocasse alors ca fait marrer tout le monde ! Nous retrouvons Nelly, une connaissance d’une connaissance. Le courant est bizarre, elle nous emmene dans un bar um peu hype au bord d une belle plage. Pas not truc.

 

  

épave dans la baie

 Petit tour vers baia das Gatas, plage a l autre bout de l ile, Operation repos en marche. Pour nous l'automne breton nous engourdit encore nos esprits. Demain, direction l ile d en face Santo Antao !!

 

 VOU FALAR PRA TODO MUNDO

 

 VOU FALAR PRA TODO MUNDO

 

QUE EU SO QUERO E VOCE

 

 

Au Cap Vert ou ailleurs, le temps est toujours a la chevalerie avec Abel !

 

 

Episode 2  - Les  contreforts de Santo Antao

 

19 decembre 2014, Ponta do sol

 

 Histoire de se reperer sur la carte, ne suivez pas les pointilles

 

Nous sommes à Ponto do Sol et dejá plein les godasses ! Prenons un repos mérité -presque forcé. 

Retour sur une semaine de marche non pas longue mais intense !

 

Géraud : L´île de Santo Antao est scindée en deux parties : le nord venteux et humide (c´est un grand mot avec deux jours de pluie cette année) donc un peu plus verte ; et au sud de la chaîne de montagne, un paysage totalement sec et aussi chaotique que le Mordor…

 

Débarquons à Porto Novo et  nous nous enfoncons aussitot vers le centre de l´île á l´assaut des contreforts rocailleux. Nous nous apercevons au fur et à mesure que bien que randonneurs aguerris on peut être des vrais bleus dans la préparation d´un voyage ! Dans notre paquetage : une tente dont on pourrait se passer tant on dort chez les gens, un  matelas gonflable percé, des stocks de bouffe pour 3 jours (la fameuse peur du manque), des livres, peintures, instrus de capou…  tout ca nous mène à 20 kg pour moi et 17 kg pour Vi transbahutant le schtroumpf dans le porte-bébé Deuter dont nous n´avons pas à nous plaindre (pub). Tout le nécessaire du MUL quoi ! ( Marcheur Ultra Leger ). Cependant, gardant nos vieux reflexes africains, avons coupé nos brosses à dents et des bouts de sangles trop longues… faut pas déconner !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Virginie : Les gens nous ouvrent facilement leur porte. Chez Idalina à Ribeira das bodes, Abel jouait avec la grande, chez Gregorio à Cha de Feijoal nous avons à peine dormi  sous la tente  à cause du vent et des chiens, chez José Luis à Martiene nous avons fait découvrir les crêpes, à Figueiras chez Candidu - les jambes lourdes,nous sentions  le besoin de rester entre nous, et chez Amadeu, berger vivant en haut des montagnes, sa curiosité bienveillante nous a fascinée, Super moment. Impossible de résumerou juste en quelques anecdotes tout ce qu´on a vécu ces derniers jours!

 Nous sommes des petits escargots comme dit Abel avec nos coquilles sur le dos, ce qui prend 5h  de marche pour les cap- verdiens nous prenons 2 jours. Qu´importe. Pas d´objectifs ! Ainsi, nous préférons creuser le lien avec nos hotes en restant l´après midi entier, histoire de savourer la quietude rurale des lieux.

      

Ses peintures vaudront très chères dans quelques temps

Les montagnes sont grandioses, noires, sèches et entaillées par de petites fourmis humaines: “o caminho antique”, Chemin pavé serpentant sur les flancs les plus abruptes des falaises. Réellement impressionnant. On s´incline devant ce travail de titan (ou peut-etre d´esclaves ) qui au fil des siècles, ont incrustés des voies de communication sur toute l´ile , ainsi que des reseaux d´irrigation, des cultures en terrasse dans des vallées inaccessibles, des maisons agripées aux pentes.

Quelle est la vie de ces paysans ?  surement qu´elle diffère quelque peu des agris de la Beauce, et leur maïs sont rikikis.

 

 Les gens sont beaux : couleur café au lait avec parfois les yeux verts : Ils sont souriants, accueillants mais non chaleureux, un peu timides meme et ne sachant  comment s´y prendre pour recevoir. Je reste parfois frustrée de cette distance, moi qui ai soif d´échanger, d´apprendre un peu le créole, mais ils ne questionnent pas trop .

C´est ainsi, peut etre sont ils comme les volcans : la peau froide mais le coeur chaud.

 

Abel : On dit de moi qu´je suis un porte-bonheur...en plus lourd ! Je découvre l´ile comme un aventurier car pour moi tout est  nouveau. Je crois que j´apporte une certaine bonne humeur pendant la marche bien que je sois parfois lourd à porter (et à supporter).  On chante, on raconte des hisoires, on fait des blagues – les miennes peuvent agacer à la longue.

 Je fais mon prince dans ma tourelle ne voulant absolument pas marcher et je chasse de mon arc les lions (on est en Afrique quand meme !  ) Je fais mon timide, d´une insolence  espiègle,  mais quand on prend le temps de me mettre en confiance, je joue et rigole vivement !

 

La haut dans la montagne ...

 

 

 

 

Episode 3 - Noel au  dessus des nuages

 

 Tarrafal, Sao Nicolau, 6 Janvier 2015

 

Nous  reprenons  pour  atteindre  le centre de l´ìle. Abel se décide a marcher, il peut d´ailleurs se montrer  bien motive en oubliant qu´il n´aime pas ca la marche.

    Evoluer sur le plateau de Lagoa sur le haut du massif, nous permet de dérouler les jambes, cela fait du bien. Ca nous change de monter et descendre les vallées et  ca nous repose les mollets.

 Espadana et Cova sont des cratères de volcan (ou bien des sites de tournage pour Dragon Ball - bien que nous n´en n´ayons pas confirmation ) Bref : panoramique  grandiose . Nous ne faisons pas de bivouac à ces hauteurs car les températures sont très fraiches la nuit.   Mais les ciels étoilés sont incroyables car nous sommes perdus dans l´atlantique loin de gros foyers lumineux ; le regard se porte sur l´espace  . Nous sommes tout petits !

    “ Enfant du soleil, tu parcours la terre le ciel,

cherche ton chemin, c´est ta vie c´est ton destin…”

 Illustre chansonnette de chemin

 

 Nous ne sommes pas hauts, mais 1500 m  sur une ile cela nous parait impressionnant .

 Le tourisme grandissant serait-il à l´origine de cette tentation qui pousse certains habitants  à demander des sous pour l´accueil ? Plusieurs fois, il y eut confusion, si rare dans nos voyages car pour la plupart l´hospitalité se donne.  Ce qui est dommage c´est que cela peut arriver une fois et notre esprit sera semé d’ambiguïté par la suite. Nous ne sommes pas contre payer une chambre chez l habitant de temps á autres, faut qu´ça soit clair dès le début.

 

 

  Fresh !

Nous nous posons á Pico da Cruz pour Noel. Petit village plein de vie où nous rencontrons tout de suite plein de monde grâce au jeune maire qui nous fait gouter le grogue de chaque bar. Petit village d’alcooliques donc.

 

 

il est banale d'enjamber des cadavres imbibés de grogue au petit matin

 « Les hommes. Ils sont bons a rien, juste le grogue . C´est  tout !  “ dixit Manuela, qui nous loge. Cette impression nous l´avons déjà eu maintes fois en Afrique ; et pendant ce temps qui  travail, s'occupe du foyer et des enfants ?

 Nous sommes traités comme des coqs en pâte par Manuela - a super comida de Natal ! à tel point qu´a un moment on s´est regardé ensemble nous questionnant :      pourquoi nous nourrit-elle d’autant de Cachupa ? ! Puis nous tournant vers Abel : - Tu crois que c´est pour nous manger ? Regards perplexes. 

 

fière de son arc de Noël avec gravé dessus : ABEL

Le 25 au matin Abel part avec son Papou en foret pour se confectionner un arc. Il ne le quittera plus, meme pour dormir...

Nous assistons à la messe de noël, le prêtre italien chante joyeux anniversaire  au petit Jésus, ambiance bon enfant.  En de cette nouvelle église dont c´était  l´inauguration, un homme construisait sa maison sur un roc donnant sur le vide. Apres un court échange sur l´incroyable paysage, il nous dit.

 E important na vida avancar poco a poco com fé, nao coisa material.  Cela résonne en nous.

 

 

 Nous passons de l’autre cote vers la verdoyante vallée de Paúl. On y  trouve de chouettes endroits pour les voyageurs  « o Curral »  par des allemands ,  « Amor de dia »  par un Italien qui tiennent tous de sympathiques jardins biologiques, faut dire qu’on ne mange pas des légumes frais tous les jours, bien qu’il y en ait sur l’ile mais tout est voué à l ´export ! Sandro, un français nous réserve un bon accueil, on y improvise une roda de capoeira très conviviale, cela permet de chanter les chants de capou appris en chemin.  

 "La perception commence au changement de sensation ;

d´où la nécessité du voyage"  André Gide (Paludes)

 

 

  

l'accueil des p'tits villages

Nous finissons l´aventure à Santo Antao par la vallée de Ribeira das Torres où nous arrivons tard le soir, courbaturés, chez Anton Fernandes un ancien de 89 ans qui nous ouvre sa porte, et partage sa casserole -du choux, patates douces, du manioc, de la couenne. Simple, généreux, c’est précieux de trouver ce naturel.

 

 Un nouvel an  " exceptionnel " !! D´une part :

 -parce qu’on le fête à bord du voilier Anao , en mouillage à Mindelo, invités par la famille Roué parti faire la Transat pour  1 an . 3 garçons sur un 12 m , une pêche d´enfer cette famille ! https://anao2014.wordpress.com/

 -d´autre part parce que j´ai le mal de mer toute la soirée n´avalant rien, me levant á peine pour voir le feu d´artifice ! vive 2015.

 Nous partageons la vie à bord pendant 3 jours et nos rêves de voyage se mêlent, Abel se fait des potes avec Mael, Tanguy, Pierre: De chouettes moments.

 

Nouvel sur "Anao" avec la famille Roué

 On en oublie pourquoi on est parti et tant mieux.

Ce besoin de prendre du recul. Pourtant, nous ne pourrons pas nous permettre de faire sans cesse des voyages pour nous équilibrer (euh...trip-thérapie ?) alors quoi ? est-ce une parenthèse ou cela fait parti de « la vrai vie » nous  reconsidérons d´un point de vu apaisé les différentes affaires en cours.

Notre vie en chantier prend un tournant, avec un nouveau souffle. Un nouveau cap, quoi !

 En voyage les soucis de la vie sont loin, pas d´actus indigestes, pas de pression de rendement ; les trucs à gérer sont le quotidien, le cortex se repose.

 Comment surmonter tant de transformations d un coup face à ces choix qu´on opère aussi vite ?! On oublie de penser mastication, digestion, assimilation lorsqu´on enchaine les épreuves.

Une nouvelle donnée voit le jour en nous : la lenteur. Il est bon de s’imprégner  d´«Afrique» . Pas tant qu’il règne l´oisiveté ici, mais le temps que prennent les choses n´ont pas le même rapport. 

Entao, Bom ano novo 2015 pra todos  !!

 

Quem mostro'b


Ess caminho longe?

 Pa São Tomé 

  Sodade sodade sodade

 Dess nha terra d'São Nicolau

 Si bo t'screve'm

 M'ta screve'b

 Si bo t'squece'm

 M'ta squece'b

 Até dia

 Ke bo volta

 Sodade sodade sodade

 Dess nha terra d'São Nicolau

 Sortie de la Vallée de Paul

Qui t'a montré

 Ce long chemin

 Qui t'a montré

 Ce long chemin

 Ce chemin pour São Tomé ( ?

  Sodade Sodade Sodade (2)

 De ma terre de São Nicolau (3)

  Si tu m'écris

 Je t'écrirai

 Si tu m'oublies

 Je t'oublierai

 Jusqu'au jour

 De ton retour

 Sodade Sodade Sodade

 De ma terre de São Nicolau

 Cesaria Evora

 

 

 

 

Episode 4 - São Nicolau, l’ile à la cabane tranquille

Faja de Baixo, 16 janvier 2015

 

Discussion hautement scientifique avec la velha, dans un hameau perché

                  Nous prenons le fast ferry  (ou  fast vomy) jusqu´ à Sao Nicolau. Entassés dans une coque avec notre pochon a vomis individuel  et de la musique rap-local-a-gros-lolos crachée dans nos oreilles ! Toute une ambiance ! ( parait que pour Praia, il y a 7h a se taper ainsi ! )

Echange des adresses, sauf que la poste dans les montagnes...bah y´a pas trop !

 

 Arrivée à Tarrafal, nous sommes essorés.

Tarrafal à Sao Nicolau ( y en a 3 dans le pays ), c’est un port de pêche en déclin et ses plages de sable de noir.
Nous croisons Joëlle, une concarnoise échouée ici depuis quelques années. Elle travaillait il y a peu sur le Ferry qui a coulé au large de Fogo ( 13 disparus ), elle a demissionnée au bon moment on peut dire...
Elle nous propose de faire des « krampouezh » (galettes de blé noir). Tu penses ! Pour nous aussi la Sodade bretonne nous prend …

Le soir, nous dissertons sur la vie tranquille de Sao Nicolau, si paisible que beaucoup ici ont quitté l’ile pour une herbe plus verte. Ils font partie des nombreux émigrants insulaires (Portugal, Hollande, Luxembourg…). On dit que plus de la moitié des capverdiens sont à l’étranger.

 

Vallée perdue de Covoado, perigoso !

 

Sao Nicolau, c´est  14 000 habitants. Une petite ile, une grande famille. Ici, tout le monde se connait. 

L’activité principale : l’agriculture avec systèmes d’irrigation puisant dans les eaux de la Rocha (montagne), le ¾ de l´ile n´est que caillasse aride.

On grimpe en haut du Monte Gordo, point culminant de l’ile. Le Parc naturel foisonne en diversité  endémique (en flore, parce que la faune sauvage est ultra réduite au Cap Vert en général) dévoile en chemin Aloe et Dragonniers, arbres millénaires uniques ici, végétation équatoriale invraisemblable. Cela contraste avec le paysage pétrifié situé sur l´autre versant - à quelques mètres de là.

Au sommet, tête dans les nuages, vent qui nous arrache les dents, c´est pas le K2 pourtant !

 

Parc Naturel Monte Gordo...oootchoum !

 

 

Les iliens sont accueillants et tranquilles, mélomanes. Malgré l’hiver ambiant  - le fait que nous soyons désormais contraints de mettre parfois un pull en témoigne- il y a souvent une bonne occasion de sortir les instrus : guitares, violon, cavaquinho (tite guitare comme chez Mateo).  En se promenant un soir dans les rues de Tarrafal, nous sommes happés par un air de Morna ; ZeKakai et ses acolytes improvisent une session nocturne. Zekakai, avant d’être rattrapé par le grogue, jouait avec les plus grands ; les artistes au Cap Vert sont  très liés à l´alcool.
La morna, ce sont des airs nostalgiques d’ici comme la célèbre Sodade de Sao Nicolau, interprétée par la diva aux pieds nus.
La Coladeira très typique aussi, est plus rythmée et souvent accompagnée de « faca », sorte de reco reco ou couteau gratte contre une simple barre de fer.

 

Vie quotidienne à Faja...

Poc li denté é tcheu

 Mi ja-m oiá kma vida li tá mut difísil

Má solusom ka emigrá pa bá sofré
Na solabánk di mar, dbóx d’grit d’komandant
I s’bo tchgá na térra é pa lová Nós Senhor Jezus Krist.
Ranja-m trabói m-kré fiká
Mi m-ka mesté pasaport
Nhas dokumént é:
Nxada, martel, má nhas dos bróss.
Ka-nhos pintcha-m pa-m bai,
Fidj ka ta kriá na ninhu sem pai.
Nha pai skrevê-m
Pa-m bá tratónd d’nhas papelada
Má nha korasom
Ja fla kma nãu : kaminh di bai !
Má també m’ka podé, fká li d’riba parbóx
Sempr ta spiá trabói, má um brók d’kaza k’é pa-m morá.
Ranja-m trabói k’é pa-m ganhá
Akel pãu di kada dia
Pok li-dént é tcheu, fortuna la fóra é fantazia.
Ka-nhos pintcha-m pa-m bai,
Fidj ka ta kriá na ninhu sem pai.

 

Ce peu que nous avons

Je sais bien qu’ici la vie est très dure,

Mais la solution n’est certainement pas
d’émigrer au péril de sa vie
Dans les flots déchaînés et sous les
vociférations du capitaine ,
En rendant grâce à dieu si on parvient
finalement à bon port !
Donne-moi du travail, je veux rester ici
Je n’ai pas besoin de passeport,
J’ai déjà tous les documents qu’il me faut:
Ma houe, mon marteau et mes deux bras.
Ne me forcez pas à m’en aller,
On n’élève pas des enfants dans un foyer sans père.
Mon père m’a recommandé par lettre
De m’occuper des papiers nécessaires,
Mais mon cœur a déjà dit non à l’idée du départ.
D’un autre côté, je ne peux pas rester ici à aller et venir
En quête d’un travail impossible à trouver et
d’une improbable maisonnette où habiter.
Donne-moi du travail, juste ce qu’il faut pour
que je puisse gagnerMon pain quotidien,
Ce peu que nous avons chez nous est déjà beaucoup.
La fortune censée nous attendre ailleurs n’est que chimère.
Ne me forcez pas à m’en aller,
On n’élève pas des enfants dans un foyer sans père.

Mayra Andrade / Navega

 

Enfin, après la marche sportive de Santo Antao, nous aspirons à nous  reposer. Nous trouvons « not’ cabane de pêcheurs », version petit appart bien équipé dans la vallée de Faja baixa.

La vie est douce et tranquille. On lit, on écrit, on cuisine, on sieste, on chante.

 Douce langueur parfois perturbée par la trouille soudaine d’en avoir conçu un deuxième en terre inconnue (fausse alerte !), par un mec bizarre lors d’une de mes randos en solo (Vi – juste inquiète mais rien de grave), et surtout les actualités françaises  choquantes, écœurantes,  attristantes … enfin, complétement absurdes, débiles !! Ici même, eu sou Charlie.

Quelques remous dans ce long fleuve…

 

 Quant à Abel, il est comme un gosse en vacances avec ses parents. Il profite à fond… de nous aussi … jusqu’ à en abuser peut-être.  Il exprime parfois la nostalgie de ses jeux et des biquettes du terrain. Il va falloir le préparer au retour. 

Le matin, on l´envoie au « Jardim », école maternelle située à 50m de notre chez nous. Gérée par une communauté religieuse 3 sœurs adorables - c’est notre voisinage le plus proche - l’école est bien équipée et gratuite (jusqu’ à  la cantine). La responsable accepte en toute simplicité de l’accueillir dans la classe des  4 ans. Il s’intègre petit à petit grâce aux jeux sans toutefois trop se mélanger.



 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

la suite des épisodes en cliquant sur l'image d'Abel, ci-contre !

 

 De fait, nous savourons  pleinement  cette chance d’être à  trois, en suspension, dans le lointain atlantique. Du temps que nous avons pour nous refaire. Et ensuite, appréhender le retour ! Géraud noircit des cahiers, moi, je dévore des bouquins. Abel  joue, chante, s embête de temps à autres (y parait que c´est constructif pour l’imagination).
Nos projets germent et avons hâte désormais de les planter. Vous serez d’ailleurs conviés à une festive plantation d’arbres  afin d’amorcer  le retour du printemps.

 

 

 

Nouveau Cap !

 

Partie 2

 

 

 

 

 

Itinérance à 3 sur l'archipel du Cap Vert

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Episode 5 – Ilha de Santiago

 

C.C.A (C'est Ca l'Afrique !)

 

Assomada, 30 Janvier 2015

 

 

 

Ilha de Santiago, Tem corpinho de algodón, Saia de chita cu cordón, Um par de brinco roda pión … comme décrit si bien Mayra a propos de ces grosses ke-blas aux pagnes joliment colorés.

 

 

 

Changer d’ile, c’est un peu changer de pays. Ca redonne de l’élan, du souffle ! Tant mieux car après un mois et demi, on est un peu tannés à dire vrai. De villages en pensao, le mode “backpacker” ne nous sied pas toujours. Nous aimons le voyage, disons linéaire avec une route qui s’ouvre devant nos pas…

 

 

 

 

 

 

 

Mais reprendre la marche avec le farda (euh…le petit) reste plus fatiguant. Essayons donc de savourer ces 7 derniers jours. Santiago n’est pourtant pas la plus douce  des iles.

 

 

 

Nous retrouvons l’Afrique noire. Finie la réserve somme toute latine ( ? ) des barlaventos, les gens sont curieux, parlent fort “tudo fich ?!“. Cochons, chèvres, chiens errants trainent dans les rues comme a Ribeira da Barca sur la cote. Ca sent fort, c’est bricolo, y’a des ordures partout… ca vit quoi !

 

Sympathisons avec un ti couple de français  Elodie et Carol, enregistreur radio en poche, Abel tombe amoureux d’Elodie. French connexion.

 

Ils font un reportage sonore sur la pêche au Cap vert ; là, ce sont les gens qui exploitent le sable noir (à voir le reportage www.sandgrains.org, qu'on conseil vivement ! ).

 

Ce qui se passe est catastrophique pour les populations qui vivent du poisson... car il n'y en a plus ! les gros chalutiers aux pavillons internationnaux raclent tout, même les requins, déséquilibrant ainsi tout un éco système -dont les p'tits pêcheurs font partis.

 

Les travailleurs se rabattent non plus sur le poisson mais ...le sable, voué à la construction, qu'ils prennent sur les bords de plages ; celle de Ribeira Barca a disparu en quelques année.

 

 

 

« Souffle Frère, souffle le vent, de ton air tu me libère

 

Brule Père, brule mon corps, de ton feu je me sens fort,

 

Terre-Mère protège moi …je suis la preuve de votre foi ! »

 

Marie- Jo Therio

 

 

 

charpente à l'africaine

 

Nous finissons notre périple a Assomada, grande ville des montagnes du centre en ébullition, et nous voila intégré grâce a une chouette rencontre capoeristique : Beto, du groupe Liberdade  Expressao professor gradué passionné par son art, et sur-boosté par différents projets pédagogiques qu’il mène de front à cote de son activité d artisan cuir . Il transmet la capou aux enfants des rues dans  le village SOS enfants, nous y faisons une roda et Vi donne un cours avec des p´tits ayant bien l´air amochés par la vie. La capoeira est un moyen fluide pour une super intégration. Shalom capoeira comme ils disent là !

 

 

 

 

 

 

 

Beto connait bien l’histoire de la capoeira et le passé de son pays, il donne quelques conférences.

 

 

 

La population de cette ile presente une morphologie  bien africaine, car les esclaves  gardés sur l´ile de Santiago, vivaient et se  reproduisait entre eux, dans les plantations comme dans les montagnes du nord-est y abritant les rebelados, ceux qui s´enfuyaient. C´est ici que l´apport culturel africain est le plus important. Il transparait aujourd´hui dans les manifestations culturelles, la danse populaire, avec la batuka et la tabanka, et la musique, surtout la funana, dont les rythmes rappellent ceux de l afrique traditionnelle, nous sommes proche des cérémonies Candomblé.

 

 

 

Les gens de l´interieure de Santiago, sont surnomés les Badius, dérivé de vadios qui signifie errant en portuguais, venant du fait que pendant l´occupation portuguaise du pays, les esclaves en fuite erraient dans la montagne , pour survivre ils élevaient du bétail et plantaient des légumes... cela nous rappelle t il pas l´histoire des Quilombo au Brésil ? Des esclaves en fuites se regroupant pour survivre.

 

 

 

L´histoire de l´oppression s´est répétée dans maints pays, mais nous trouvons toujours un moment ou des Hommes  ont montres la voie pour vivre en liberte. Eux aussi ont du prendre un nouveau cap vis à vis de leur condition !

 

 

 

Abel se choppe une angine, faut voir l' attente au poste de saude ! plus de 2h, ils ne connaissent pas les RV, les tickets...y en avait l´air qui prenaient vraiment leur mal en patience . Le voila donc de nouveau sous antibios comme lorsque on est arrivé ici, la boucle est bouclée !

 

Le dernier jour au marché, lors des dernières emplettes, tout le monde collé-serré, peu d'espace, la fatigue en prime... Géraud ne s'aperçoit pas qu'un malendrin le déleste de sa bourse. 7000 escudos au moins (70€ ) c'est ca de moins à ramener...

 

C.C.A.

 

 

 

Quando chegou no mercado modelo modelo...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Episode 6 - En guise de Conclusion...

 

 

 

Quilombo de Mané Bihan, Inguiniel

 

 

 

 

 

 

 

Ce Jeudi , il y a un froid givré qui brille dans un soleil éclatant, le poêle ronronne doucement , Toutouig n'est pas très loin, elle fait de même... Une tasse de thé à la main, je m'y remet avec pour mission de "clore" ce voyage.

 

 Pas évident, puisque tout ce j'écris là, je l'ai déja écrit et développé en direct ... avant l'ordi ne plante et n'enregistre rien ! C'était bien pourtant.

 

 

 

 

 

 Mindelo, des quartiers Relax ...

 

 
 Cela fait un mois que nous sommes rentrés, cette expérience est en nous mais pas entièrement digérée et pour cause : ce retour correspondait plutôt à un parachutage dans le vif du sujet, retour au travaux. "Back in the spirale", c'est comme ça, l'printemps pointe son nez !

 

Un mois, c'est passé vite, et c'est plutôt rude, enfin...ça contraste !

 

 

 

 

 

 Plage de Sao Vicente, espaces d'expression pour Abel ! l'escargot des sables ci-contre.

 

 

 

 

 

Ce voyage, c'est un peu l'histoire d'un replis stratégique en plein hiver.

 

 Lancés à pleine  balle depuis juillet 2014 sur notre installation, nous sentions bien que qu'à l'automne nous n'avions plus la même énergie, les découragements s'accumulaient.

 

 Une fuite d'accord... mais une fuite en avant !

 

 Lorsque j'ai fait mon "burn-yourte" avec le montage de trop en me disant " j'arrête les yourtes !"; il fallait alors reconsidérer la situation. Quitter ses repaires pour plus de lumière !

 

Effectivement, en prenant le large nous distinguons nettement les contours, les leurs, les signes de faiblesse -signes avant coureurs d'une fatigue où je m'enlisais.

 

Mais peut-être que le voyage ne vaut que s'il dévoile quelque chose ,que si l'on surmonte une épreuve ( ou en l'occurrence un mal être ), il faut se mettre en risque, je ne dirais pas que ce fut dure, mais quitter son confort de sédentaire ( même en yourte ) pour partager le quotidien chez l'habitant est en soi un apprentissage.

 

 

 

 

 

 

 

C'est marrant, car je ne me sens pas l'âme d'un voyageur ou d'un "rencontreur", cela fait le quatrième pays Lusophone que je parcours, et je ne fait que baraguiner des mots portuguais...Le voyage  se fait pour ma part bien plus à l'intérieur. Dans les photos, les écrits, les contemplations. Toujours pas à l'aise dans l'échange, jamais je ne l'ai été.

 

Le vecteur communication c'est Virginie ! Clairement, elle s'interesse aux autres, elle fait l'effort avec patience pour partager . Ce voyage c'est elle qui l'a boostée, qui a gérée le budjet, le moteur quoi !

 

J'aime à penser que le voyage aide dans la transformation. Apaisés, rassasiés, j'aime aussi l'idée d'être "artistes de nos vies", répondant à nos instincts et pas comme des robots aux 35h ; On s'barre quand on sent que ca part en cacahuète, on revient plus fort pour mettre les bouchées doubles . Mais cette liberté est aussi un jeu d'équilibriste. L'illusion de la liberté de faire ce qu'on désire peut nous emmener dans des pièges.

 

 Cela nous ramène à qui l'ont est, ce qu'on veut.

 

 Et partir c'est risquer de revenir de tout.

 

 

 

Chaque île était différentes dans la manière de la vivre.

 

Santo Antao

 

Ile aux montagnes plongeant dans la mer, vallées spectaculaires contrastées dans l'aridité extreme au sud, et aux terrasses verdoyantes au nord. Un chemin de pierres taillées qui se déroule autour des pics, de la gastronomie de randonneur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sao Nicolau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Santiago

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ribeira da prata